C’est celle de Amaury GUILLARD…

Le spécialiste du 400m plat du Caen Athlétic Club et junior 1ere année s’est qualifié pour les championnats de France Cadets/Juniors 2023, accueillis le week-end du 14 juillet, par la ville Berrichonne de Chateauroux. 

Amaury se présente avec le 7eme temps au bilan (48s43) dont la première place est détenue par le très prometteur guadeloupéen Allan LACROIX en … 47s37.

Un partenaire du relais 4X100m pour lequel il est également engagé me confiait avant cette finale, qu’il avait changé sa stratégie de course. Dorénavant, il tentait de placer une franche accélération au niveau du 200m après avoir abordé les 200 premiers avec une vitesse contenue. La technique s’était révélée payante en série puisqu’il s’était emparé brillamment de la première place en battant son record personnel sur la discipline, en 48s41.

L’athlète à la casquette blanche comptait bien adopter le même stratagème pour cette finale au risque de se laisser trop distancer par les leaders, dans la ligne droite opposée.

Quelques mots échangés dans les tribunes confirmés ses bonnes sensations du jour. Quand la confiance est adossée à la sérénité et la détermination, tous les ingrédients d’une recette prolifique sont réunis.

Pour les supporters dans la confidence, l’impatience se faisait sentir à l’approche de la pression sur la gâchette du starter.

Le coup de pistolet retentit enfin et libère les finalistes. On comprend vite qu’Amaury va engager la même technique. La foulée est rapidement placée mais la célérité est volontairement retenue afin de préserver les ressources nécessaires à la brutale accélération programmée au niveau du 200m. Bien entendu, les adversaires ne l’ont pas attendu et le distancent rapidement au point de laisser entrevoir de légitimes inquiétudes pour combler la différence sur la seconde partie de la course …

Et là, brutalement, sans transition, à l’approche de la cage du lancer de disque, comme si une manette des gaz avait été actionnée, l’accélération est produite. Elle est franche, nette, fulgurante et tellement époustouflante, qu’il est aisé de l’apprécier des tribunes, même pour un néophyte.

L’impression visuelle est sidérante, on a la sensation que les autres coureurs ont collectivement baissé de rythme, exactement en même temps.

Amaury refait rapidement son retard sur certains de ses challengers dans le virage, et c’est le moment qu’il choisit pour nous gratifier de son deuxième coup de folie de la course ! Monsieur… prend le risque de déstructurer sa posture de course inclinée dans le virage pour décoiffer sa casquette et la garder en main ! Curieux geste à ce niveau de la compétition : Il est quand même en finale des championnats de France juniors !! Incompréhensible réflexe ou inspiration superstitieuse ?

Le leader au bilan, Allan LACROIX a pris ses distances avec le reste des concurrents et à l’amorce de la ligne droite, a déjà quasiment le précieux métal autour du cou, surtout quand on connait sa pugnacité dans les derniers mètres à contrarier les attaques concurrentes. La vitesse d’Amaury ne faiblit pas et à 30m de la ligne d’arrivée, il lui reste encore un effort à garantir pour venir coiffer le francilien LEVASSEUR placé à l’extérieur. Le Cacou, certainement transcendé par ce prodigieux retour « Raquilien » (les plus anciens feront aussitôt le rapprochement avec le remarquable finisseur international Marc RAQUIL), viendra casser avec 6 centièmes d’avance sur le parisien.

Explosion de joie mêlée de respect et d’admiration de la part de la délégation caennaise et de tous les athlètes témoins de cette course ! Les proches regagnent les abords de la ligne d’arrivée pour féliciter le vice-champion de France (48s06 et Record personnel). 

La satisfaction se lit sur son visage malgré la pression lactique qui irrigue ses cuisses. Son père, acteur de ces championnats au travers de son engagement indéfectible comme starter, lui livre, sur la piste, une étreinte de fierté légitime. Une seconde émotion suivra quand Amaury enlacera longuement son entraineure, Pascale CAUGANT. Le duo n’a pas été épargné par les problèmes de santé ces derniers mois. L’abnégation l’a emporté, et peut-être, qu’elle aura contribué à donner une force supplémentaire au coureur du tour de piste. Sa mère, dont les yeux contiennent difficilement des larmes de bonheur, soufflera à plusieurs reprises : « C’est UNE JUSTE récompense ! ». Oui, car c’est plus que, « JUSTE UNE récompense ». 

Impossible de rester insensible à ces scènes de bonheur sportif respectives …

La double récompense arrivera quelques jours plus tard avec la sélection en Equipe de France dans le relais 4X400m pour le cran du dessus : Les Championnats d’Europe.

Amaury, merci d’avoir illustré ce que le sport peut générer de mieux en terme d’intensité et de charges émotionnelles.

Un simple spectateur.